Sainte Adresse : un site métamorphosé
Construit en 1958, le LOPOFA (LOgements POpulaires et FAmiliaux) de Sainte-Adresse est situé sur un site remarquable avec une vue à 180° sur la baie du Havre et son port.
A l’origine, l’ensemble immobilier comprend deux grandes barres d’immeubles représentant 120 logements.
Dans le cadre d’une démarche de concertation menée avec les habitants, le projet a visé un important réaménagement du site mixant réhabilitation de 74 logements, percement des barres, construction de logements en extension des bâtiments existants et densification avec la construction de trois bâtiments.
Aujourd’hui, ce groupe est ainsi composé de 8 bâtiments pour un total de 124 logements.
UNE RÉHABILITATION DURABLE EN CŒUR DE VILLE
Une métamorphose ambitieuse
Avec deux grandes barres d’immeubles, des logements ne correspondant plus aux normes de confort, l’absence d’ascenseurs, des espaces extérieurs peu aménagés, le LOPOFA de Sainte-Adresse ne bénéficiait pas d’une image très attractive malgré les qualités de son site géographique.
Le projet a proposé une métamorphose ambitieuse du site avec 74 logements requalifiés et 50 logements neufs (dont 20 créés en extension de l’existant).
Les deux barres d’immeubles ont été percées avec l’ajout d‘extensions en structure bois et trois bâtiments ont été construits pour compenser les logements démolis. Les espaces extérieurs ont été réaménagés et la capacité de stationnement a été augmenté avec 126 places (dont 35 places en sous-sol et 8 places PMR).
Enfin, un travail de terrassement du terrain a été réalisé afin de faciliter la liaison avec le quartier environnant.
LOPOFA de Sainte Adresse : le temps du chantier
Une inscription dans le programme national d’expérimentation REHA
Le programme d’expérimentation et de recherche REHA, mené par le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires avec le Programme Urbanisme Construction Architecture (PUCA), accompagne le développement de la réhabilitation lourde du parc de logements, notamment social, dans une perspective environnementale, économique et sociale et dans l’idée d’impulser, en la matière, une nouvelle culture patrimoniale.
L’opération menée à Sainte-Adresse est remarquable et prototypale sur de nombreux points de vue :
- Mix entre restructuration lourde de bâtiments existants et construction neuve,
- Densification,
- Intégration urbaine de la résidence,
- Recours aux matériaux biosourcés,
- Concertation et accompagnement social exemplaire des habitants,
- Qualité d’usage des logements (espaces extérieurs…),
- Rapport à la nature (création d’un cœur d’îlot végétal qualitatif),
- Mise en accessibilité, etc.
Le programme REHA a permis de donner une impulsion exigeante à ce projet de « deuxième vie » de la résidence et permettra d’en capitaliser les enseignements.
La convention d’expérimentation du PUCA a été signée le 25 novembre 2022 par Claire Mas, Première Adjointe au Maire de Sainte-Adresse, Mathias Levy-Noguères, Directeur Général de Logeo Seine, Stéphanie Dupuy-Lyon, Directrice Générale du Logement, de l’Aménagement et de la Nature au Ministère Transition écologique, Cohésion des territoires, Hélène Peskine, Secrétaire permanente du Plan Urbanisme Construction Architecture au Ministère Transition écologique, Cohésion des territoires, et Virginie Thomas, Directrice du programme d’expérimentation et de recherche REHA, Plan Urbanisme Construction Architecture au Ministère Transition écologique, Cohésion des territoires, en présence de Raphaëlle-Laure Perraudin, Architecte, Jourda Architectes Paris et de Matthieu Le Maine, Directeur des travaux, Sogea Nord-Ouest.
Les enjeux environnementaux : le pivot central de l’opération
1. L’amélioration énergétique
L’ensemble du projet (requalification et construction) limite au maximum les déperditions thermiques. Cette initiative contribue de manière significative à l’accroissement du confort quotidien des habitants en réduisant les coûts énergétiques individuels et en optimisant l’efficacité des installations. Sur le plan collectif, elle engendre des avantages environnementaux en réduisant l’empreinte carbone globale de la résidence. L’amélioration énergétique favorise également une meilleure qualité de vie en créant un environnement intérieur plus sain et confortable.
Aujourd’hui, au classement des émissions de gaz à effet de serre, les bâtiments réhabilités atteignent la classe C et les bâtiments neufs ainsi que les extensions sont de classe B. Au classement CEP (coefficient d’énergie primaire), les bâtiments réhabilités sont classés B, une nette amélioration pour des bâtiments classés F à leur création, et les bâtiments neufs ainsi que les extensions sont eux, classe A.
Les travaux réalisés
Sur l’extérieur des bâtiments, les travaux réalisés ont été les suivants :
- Pour les bâtiments neufs : murs à ossature bois isolé entre montants 14 cm + doublage intérieur 5 cm
- Pour les bâtiments existants : murs maçonnés isolés par l’extérieur avec 14 cm de laine minérale. Les menuiseries existantes sont remplacées par des menuiseries aluminium
A l’intérieur des logements, les composants techniques ont été remplacés pour limiter les consommations d’énergie avec la mise en place de :
- Systèmes hydro-économes pour l’eau potable
- Chaudières à micro-accumulation
- Radiateurs à eau chaude avec robinets thermostatiques
- Ventilateurs basse consommation dernière génération
- Sondes de présences et de luminosité pour l’éclairage des parties communes
2. La résidence redessinée
Le cœur d’îlot, libéré des places de stationnement, est devenu un grand jardin boisé et ouvert. Il offre aux habitants un espace convivial propice aux échanges et à la détente. En plus d’ajouter une dimension esthétique à l’environnement, le cœur d’îlot paysagé favorise les rencontres informelles entre voisins.
Il contribue également à améliorer la qualité de l’air, à atténuer les îlots de chaleur urbaine et à créer un microclimat plus agréable. Ainsi, ce véritable poumon vert au cœur de la résidence ne constitue pas seulement un élément décoratif, mais incarne également un espace fonctionnel essentiel à la qualité de vie et au bien-être des habitants.
La relocalisation de la supérette pour assurer le maintien du tissu économique local
La supérette « Coccinelle », au pied d’une des barres d’immeubles, jouait un rôle important de lien social.
Le percement de la barre et la construction d’un bâtiment ont entraîné la relocalisation de la supérette sur le site, en pied d’immeuble, le long de la rue Jean-Louis Pesle afin qu’elle continue à contribuer à l’amélioration de l’accessibilité aux biens de première nécessité. Elle offre ainsi une solution pratique et efficace pour répondre aux besoins quotidiens des résidents et plus largement des habitants du quartier.
La proximité de cet établissement commercial favorise non seulement une économie de temps, mais également une réduction significative de l’empreinte carbone associée aux déplacements pour s’approvisionner.
Cette initiative s’inscrit résolument dans une perspective de développement durable, conciliant efficacité logistique, confort quotidien et cohésion sociale au bénéfice de l’ensemble des habitants.
L’OPERATION « LE LOPOFA »
Une offre de logements diversifiée
Les profils des locataires sont variés :
- Une part importante de la population plutôt jeune et active avec une mobilité élevée
- Un tiers des locataires plutôt âgés et présents sur le site depuis de nombreuses années, voire depuis la construction
Les typologies de logements sont donc variées, permettant ainsi de répondre aux besoins particuliers de chaque locataire.
Ce programme offre des niveaux de loyers maîtrisés permettant d’accueillir des ménages de différentes ressources :
Ce programme offre des niveaux de loyers maîtrisés permettant d’accueillir des ménages de différentes ressources :
Les travaux réalisés
Les travaux de rénovation menés par SOGEA Construction, en collaboration avec le cabinet d’architecture JAP Architectes, ont débuté courant 2020 et se sont achevés en 2023.
Les logements ont été intégralement rénovés (sols, murs, plafonds, sanitaires, menuiseries extérieures) afin d’offrir aux habitants la qualité d’un logement neuf. L’ensemble des travaux a pu être réalisé en milieu occupé.
L’ensemble des travaux a pu être réalisé en milieu occupé. Découvrez le quotidien des habitants.
L’ensemble des logements est également rendu accessible aux personnes à mobilité réduite d’une part avec la création d’ascenseurs et d’autre part, avec le terrassement du terrain qui a permis sa mise à niveau avec les halls d’entrée.
De nouveaux halls traversants ont été créés et équipés de digicodes. L’ensemble des parties communes a été rénové sachant que les escaliers ont été conservés avec une adaptation des garde-corps à la réglementation actuelle.
Enfin, des locaux vélos ont été réalisés en rez-de-chaussée des immeubles.
LES SCULPTURES DE CHRISTIAN LAPIE
Au cœur de l’îlot paysager ont été installées des œuvres de Christian Lapie.
Je veux que ces figures participent, de jour comme de nuit, été comme hiver, à la vie des habitants ; qu’ils se les approprient et qui s'en fassent un peu des confidents, des témoins bienveillants.
Christian Lapie est né à Reims en 1955. Après ses études à l’École des Beaux-Arts de Reims (1972-1977), puis à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (1977-1979), il installe son atelier en Champagne d’où sa famille est originaire.
L’idée de rendre visibles les cicatrices de la Première Guerre mondiale fait évoluer sa pratique. D’une peinture à la cire, subtile et élaborée, les pigments deviennent bruts, associés aux sédiments recueillis sur les anciens champs de bataille, craie, oxydes, cendres qu’il projette sur de grossières bâches montées sur des châssis rudimentaires.
Partant de cette brutalité manifeste et à la suite d’un séjour de création dans la forêt amazonienne, il passe directement à une sculpture monumentale. Ce sont des figures de bois brutes et calciné. L’œuvre de Christian Lapie questionne notre mémoire individuelle et collective. Ses installations de figures spectrales naissent de lieux choisis, empreints d’histoire, quel que soit le continent ces figures sans bras ni visage, monumentales et puissantes, interrogent et déstabilisent.
Christian Lapie, artiste sculpteur
L’INAUGURATION
Retour en images sur l’inauguration du LOPOFA métamorphosé, le 27 mars 2024.
Mercredi 27 mars 2024, Hubert Dejean de la Batie, Maire de Sainte-Adresse, Mathias Levy-Noguères, Directeur Général de Logeo Seine, Florent Saint Martin, Vice-président Le Havre Seine Métropole, vice-président Département de la Seine Maritime et Christophe Leconte, Adjoint à la cheffe de service de la coordination des politiques publiques et de l’appui territorial, ont pu découvrir et inaugurer la nouvelle résidence, aux côtés des habitants.
En tant que maire, je suis un peu bluffé de la façon dont ça s'est passé et du résultat auquel on est parvenu ensemble.
Vous prenez toujours soin de réinventer les lieux, d’y reconstruire la ville avec la collectivité. Et vous allez bien au-delà de votre rôle, vous n’êtes pas un simple rôle d'opérateur.
Crédits photos : © Jean-François Lange, © Sarah Vervisch, © Logeo Seine
Crédits vidéos : © Nautile Production